Le candidat insoumis Sébastien Delogu pose devant la mairie de Marseille le 15 novembre 2025 ( AFP / Christophe SIMON )
Le député Insoumis Sébastien Delogu s'est lancé dimanche à l'assaut de la mairie de Marseille, avec la promesse de "ramener le peuple au pouvoir" dans la 2e ville de France où la gauche part divisée face à une droite unie et une extrême droite conquérante.
"Je connais la moindre rue de Marseille par mon ancien travail de chauffeur de taxi et le fait d'avoir grandi dans cette ville, j'ai vu tout le clientélisme, la corruption", affirme l'élu dans un entretien à l'AFP. "Les gens dans la rue me disent +dégagez ce système+".
Dans la deuxième ville de France, LFI fait donc cavalier seul comme à Lyon et Paris.
"Nous ne fermerons pas la porte au second tour à une union des gauches", a toutefois précisé M. Delogu qui bénéficie néanmoins du ralliement de Sébastien Barles, actuel adjoint au maire en charge de la transition énergétique, et de son mouvement écolo-citoyen Vaï, ainsi que de la Révolution écologique pour le vivant (REV), parti du député apparenté LFI Aymeric Caron.
Le maire sortant divers gauche Benoît Payan n'a pas encore officialisé sa candidature mais il devrait rassembler socialistes, communistes et écologistes.
Avec son union écologique et citoyenne du "Printemps marseillais", l'ex-socialiste "devait être la rupture avec le système de droite alors qu'en réalité ils cogèrent la ville ensemble", la métropole étant dirigée par la divers droite Martine Vassal, tacle l'Insoumis qui dénonce aussi son inaction.
"C'est une honte de voir une ville aussi sale et de voir un maire qui dit +c'est pas moi+. Certes, 80% des compétences de la ville de Marseille sont à la métropole mais est-ce qu'aujourd'hui il s'est retroussé les manches pour se battre pour la propreté de cette ville?", interroge M. Delogu.
Dans le camp de M. Payan, on ne comprend pas pourquoi les Insoumis ciblent ainsi la majorité sortante, "en épargnant la droite et l’extrême droite".
"Face au risque de l'extrême-droite, l'irresponsable Delogu endosse la responsabilité de diviser l'Union de la gauche !", ont déploré sur X les Jeunes socialistes des Bouches-du-Rhône.
D'autant que la droite et le centre partent eux unis autour de la candidature de Mme Vassal. Et à l'extrême droite, le député du Rassemblement national Franck Allisio, rasséréné par les dernières législatives où l’extrême droite a remporté trois des sept circonscriptions marseillaises, est lui soutenu par le sénateur Stéphane Ravier, qui avait un temps rallié Eric Zemmour et son parti Reconquête.
Solidement implanté dans les quartiers Nord où il a été réélu député dès le premier tour en 2024, M. Delogu aura la lourde tâche avec son "union populaire" de séduire aussi les quartiers plus aisés du Sud et mise sur un programme écologique avec notamment des transports "au service de la nature et des habitants" dans une ville qui n'a que deux lignes de métro.
- Rêve d'un destin à la Mamdani -
Coutumier des coups d'éclat qui lui valent soutiens mais aussi nombreuses critiques, l'élu s'est notamment illustré en brandissant un drapeau palestinien à l'Assemblée nationale ou en donnant son appui musclé à un blocus lycéen en 2023.
Cette action lui a valu une condamnation pour violences envers deux cadres de l'Éducation nationale, des faits qu'il conteste mais pour lesquels il n'a pas fait appel. Il a par ailleurs été entendu au printemps dans le cadre d'une enquête préliminaire sur des documents privés volés à un chef d'entreprise dans le contexte d'un conflit social, documents que le député a ensuite diffusés sur ses réseaux sociaux. Les investigations se poursuivent.
L'élu de 38 ans rêve d'un destin à la Zohran Mamdani, le démocrate américain de l'aile gauche du parti qui vient de remporter la mairie de New York, "parti à 1% dans les sondages".
"Il avait trois-quatre mesures phares qui lui ont permis de faire comprendre au peuple que c'était un maire qui allait réellement s'occuper des problèmes", analyse M. Delogu.
Le lancement de sa candidature se percute avec l'onde de choc provoquée par l'assassinat jeudi d'un deuxième frère d'Amine Kessaci, militant écologiste marseillais engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, alors que la justice émet l'hypothèse d'un assassinat d'avertissement.
"C'est effroyable. Je travaille depuis le début de mon mandat, main dans la main, avec le collectif des familles de victimes pour alerter et agir. À présent, malheureusement, un cap est franchi", reconnaît l'élu.

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